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Les outils existent, la volonté des dirigeants est affirmée, les salariés et les candidats à l'embauche y aspirent, etc., bref tout semble en place pour que la révolution numérique de l'entreprise se fasse.Alors pourquoi tarde-t-elle à se concrétiser ?Quelques pistes de réflexion. |
Trop peu d’entreprises mettent en œuvre les moyens susceptibles d'attirer les talents numériques.
Des talents trop rares qu'il faut pourtant s'arracher à prix d'or.
Sans doute faut-il du temps pour transformer mentalités et process, pour élaborer une nouvelle organisation et redéfinir les rôles de chacun.
L'entreprise telle que nous la connaissons fonctionne sur un modèle né avec la révolution industrielle.
Quant au principe selon lequel le patron décide et le subalterne exécute, il existait bien avant l'industrie.
Or, ce que le digital dessine, c'est une possibilité de remettre en cause ce modèle, à tout le moins d'en réduire la puissance.
Dans le secteur des services, aujourd'hui largement prépondérant, le numérique permet de délocaliser le travail, autrement dit de travailler en dehors de l’entreprise.
Outils et réseaux performants existent en effet aujourd'hui dans chaque foyer ou presque.
Pourquoi dès lors dépenser des sommes colossales pour des locaux s'il suffit à une entreprise d'en louer de temps à autres pour réunir ceux qui travaillent sur un même projet ?
Mieux : pourquoi ne pas laisser ces collaborateurs s'organiser eux-mêmes et se rassembler où bon leur semble ? La tentation peut être grande pour les entreprises de suivre cette voie et de renvoyer chacun chez soi. Et sans doute les collaborateurs dont le profil est adapté seraient-ils, eux aussi, favorables à ce mode de fonctionnement, synonyme d'autonomie et de liberté retrouvée, si leurs revenus étaient garantis.
Des avantages qui ne sont pas sans dangers
Premier écueil : avec cette délocalisation du travail, les entreprises sont tentées de transformer les salariés en travailleurs indépendants.
La proportion importante d'auto-entrepreneurs ne travaillant que pour une entreprise le prouve en tout cas.
Elles entendent malgré tout conserver le contrôle de leurs salariés déguisés et exigent notamment d'eux qu'ils soient toujours disponibles.
L'exemple d'Uber est à cet égard éclairant : les chauffeurs californiens de l'entreprise l'ont attaquée, considérant qu'ils en étaient de fait les salariés puisque en permanence contrôlés, géolocalisés et ne disposant d'aucune latitude pour gérer leur temps ou leur activité.
Digitalisées ou pas, les entreprises craignent de perdre leur emprise sur celles et ceux qu'elles paient et de les voir à terme se transformer en concurrents.
Détenteurs de capitaux et autres actionnaires peuvent sans doute accepter cette mue de l'entreprise si leurs avoirs continuent de fructifier. Peu importe après tout l'organisation si les bénéfices sont assurés.
Le problème est cependant que le numérique permet à ceux qui ont les compétences de travailler — presque — sans mise de départ et donc de s'affranchir de ce capital. Or le capital ne prospère que s'il est nécessaire.
La situation du management est également délicate, car la délocalisation du travail risque à terme de réduire considérablement son rôle, horizontalité et déhiérarchisation obligent.
Théoriquement, l'entreprise a tout intérêt à se digitaliser pour être plus légère, plus souple et réactive.
Mais celles et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont aux commandes ont-ils réellement intérêt à ce que cette révolution s'opère ?
Peut-être — sans doute — cette digitalisation finira-t-elle par se faire.
Mais il n'est pas étonnant que les freins soient nombreux et qu'elle soit longue et difficile à mettre en œuvre.
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Pour aller plus loin : Pourquoi les entreprises doivent renforcer leur leadership numérique ? |
