Les nouveaux leaders créatifs, version Amstellodamoise

Par: Dorsimont 11-7-2013

Catégories:Focus métiers,

 

Par notre correspondante internationale Renée Koudstaal

Aujourd’hui plusieurs formations existent dans le domaine du leadership créatif. La ville d’Amsterdam a décidé de lancer sa propre école en 2009, tout en s’éloignant du format MBA classique. Nous avons voulu en savoir plus en rendant visite à THNK.

Au sein du Westerpark, vivier d’entreprises créatives à l’ouest de la ville d’Amsterdam, se trouve un grand bâtiment, jusqu'en 2009 occupé par des bureaux administratifs. Quand métamorphose devient métaphore : des cloisons abattues, des meubles sur roues, beaucoup de lumière et une baie vitrée qui offre une vue large sur le parc. Une grande cuisine style « open bar » forme le cœur de l’espace. Autour d’elle, plusieurs petits groupes mènent de grands débats, teintés d'accents du monde entier, autour de tableaux qu’ils couvrent de mots, chiffres, images. Une ambiance à la start up Internet, énergique et détendue mais où personne n’a moins de 30 ans.

Bienvenue chez THNK, l’école des leaders de demain, version Néerlandaise !
THNK a été créée en 2009 par la ville d’Amsterdam en partenariat avec le Gouvernement Néerlandais, la province Hollande du Nord et des entreprises comme, entre autres, Vodafone, McKinsey & Company et KLM. Objectif pour la ville : attirer et connecter Talents et entreprises et devenir une référence mondiale dans le monde d’innovation de demain. Un statut convoité, qui était ces dernières années avant tout happé par Londres et Berlin.

Le DG de l’école, Mark Vernooij (Stanford, INSEAD, ex- Accenture et Mckinsey) n’y va pas par quatre chemins. «Ici, c’est différent d’un MBA, nous nous focalisons uniquement sur le leadership dans le domaine de l’innovation. Nous cherchons à améliorer le monde de demain. En formant ceux qui vont y contribuer. Nous recrutons ceux qui ont déjà du succès, qui cherchent à franchir un cap dans un projet d’innovation déjà existant. Des entrepreneurs mais aussi des collaborateurs d’entreprises».
« Nous savons tous que l’époque où les dirigeants géraient uniquement la valeur des actions et la part de marché est finie. Ils doivent faire face à des questions plus complexes, avec des challenges d’ordre sociétal qui chamboulent tout. L’innovation reste le mot d’ordre mais pas uniquement au niveau produit et process. Pour survivre, les entreprises doivent recruter ces leaders créatifs qui ne cherchent pas à réduire cette complexité mais à la transformer en bénéfices».

Pour reconnaître les leaders de demain, THNK a défini avec un groupe international composé de DRH, PDG, scientifiques et créatifs une liste de critères sur laquelle figurent la capacité à développer une vision source d’inspiration et de la transmettre, à faire évoluer des équipes créatives, à générer des résultats conséquents, être curieux, être passionné et avoir un but clair.

Ces Happy Few, 35 à 40 candidats retenus sur 400 postulants par session, commencent par plusieurs semaines intensives passées sur le campus à Amsterdam, durant lesquelles ils sont immergés dans le monde de demain vu par des intervenants et experts venus d’horizons divers et variés (FORUM). Après cette phase, ont lieu des séances de coaching individuelles intensives (QUEST) avant d’entamer la partie CHALLENGE, pendant laquelle de grands groupes internationaux apportent des questions réelles qu'ils souhaitent confronter à ce Think Thank futuriste.

C’est ainsi que Gisèle (française installée en Allemagne, ex-Vodafone) travaille sur les thèmes «la vie en ville» et «la mobilité urbaine» en appliquant un process créatif précis qui permet d'arriver vite à du concret. Elle explique : «nous cherchons, en équipes de 3 personnes, à définir une question créative qui doit contenir un challenge entre deux entités, sans donner d'élément de réponse. Une fois la question établie, le groupe travaille en choisissant les méthodes appropriées pour créer une vision, définir une approche et une proposition, construire des prototypes et recueillir le feedback d'utilisateurs».

Quitter les formats de cours classiques mais aussi connecter les savoir-faire à la réalité, une volonté traduite par la dernière phase du programme qui accompagne les participants pendant 12 mois dans leur travail quotidien.

C’est un des points forts de THNK selon Hans (entrepreneur néerlandais, basé à Paris), ancien participant et de passage chez THNK où il cherche à se remettre dans l’ambiance. «Depuis THNK je ne vois plus le monde avec mes yeux uniquement, mais avec 30 paires d’yeux».

Pour les entreprises qui cherchent à aborder la question de l’innovation au sein de leur organisation, THNK est une solution de formation qui semble porter ses fruits de part, entre autres, son approche opérationnelle. Le programme a ainsi pu accueillir un responsable de la police néerlandaise ayant pour but d’innover l’organisation au niveau national et un collaborateur d’un grand groupe Telecom qui a depuis renforcé la culture client à travers des services clients innovants. Dans la session actuelle, un manager de McKinsey qui vient d’être nommé responsable de l’innovation en Amérique du Sud, a trouvé le lieu pour s’inspirer et confronter ses problématiques à un environnement peuplé d’experts dans la question.

Ce microcosme d’individus brillants, multilingues, passionnés, semble avoir trouvé en THNK l’outil parfait pour trouver le next step dans leur projet. Tous parlent de communauté, de partage, d’échanges, mais aussi d’une vraie évolution individuelle.

Comme Kamel, entrepreneur français de 32 ans, le plus jeune participant. «Avant THNK j’étais dans l’action déjà, j’ai rejoint ce programme pour accélérer mon projet Maya the Buzz, finalement j’ai trouvé plus que ce que je cherchais, je me suis trouvé, moi».

Selon Mark, «Ceux qui innovent réellement, ca reste une minorité dans chaque pays, c’est pareil en France. Nous avons beaucoup de participants Français, et on remarque qu’en France il existe une vraie compréhension de ce programme de part les entreprises qui y consacrent du temps et de vrais moyens. Il ne s’agit pas de changer un pays. La France crée des trains à grande vitesse, les Pays-Bas le site booking.com. Mais quelques grandes innovations peuvent vraiment améliorer le monde de demain».

Et si le monde de demain était entre de bonnes mains ?

Pour plus d’informations : www.thnk.org